BATAILLE Léa

Doctorante

Interactions entre un polluant organique persistant (la chlordécone) et les vers de terre.

Le chlordécone (C10Cl10O, CLD) est un insecticide organochloré utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles françaises pour lutter contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus). Comme il peut perdurer entre des décennies et des siècles dans le sol, le CLD est considéré comme un polluant organique persistant par la convention de Stockholm depuis 2009. Il est l’auteur de problématiques sociale (le chlordécone augmente notamment le risque de cancer de la prostate) et économique (des parcelles agricoles sont trop contaminées pour permettre la culture de plantes dites sensibles au chlordécone), il est donc important d’étudier ses effets sur la biodiversité fonctionnelle et de trouver des moyens de le dégrader.

La thèse portant sur les interactions entre le chlordécone et les vers de terre a commencé en novembre 2023 et se déroule en partie à l’unité EMMAH à l’INRAE d’Avignon et en partie à l’unité GECO au CIRAD en Martinique, respectivement sous la supervision de Céline Pelosi et Mathieu Coulis. Le but ici est de caractériser les effets de la chlordécone et ses produits de transformation sur les vers de terre et également de déterminer si les vers de terre peuvent dégrader la chlordécone et ses produits de transformation.

L’étude des effets du CLD sur les vers de terre n’a jamais été réalisée, mais d’après la littérature sur les impacts de pesticides organochlorés sur les vers de terre, nous supposons que ces derniers peuvent bioaccumuler le CLD et au moins une partie de ses produits de transformation (en fonction de leur caractère lipophile). Nous faisons également l’hypothèse que cette bioaccumulation peut impacter les vers, notamment certains traits fonctionnels liés à leur reproduction. De plus, de récentes publications démontrent que, en laboratoire, des bactéries du sol peuvent dégrader le CLD en certains de ses produits de transformation. Nous pouvons émettre l’hypothèse que les vers de terre peuvent donc potentiellement dégrader le CLD s’ils se trouvent en symbiose avec ces souches bactériennes.

Pour tester ces hypothèses, des mesures de terrain et des expérimentations en conditions contrôlées seront réalisés en Martinique et à Avignon pour étudier les relations entre les différentes composantes de la biodisponibilité mais également le rôle des interactions entre vers de terre, CLD et microorganismes dans le devenir du CLD.