Photo Jorand-Lozano José Seir

Soutenance de thèse de Doctorat

José Seir JORDAN LOZANO soutiendra mardi 1er décembre à 14h30 sa thèse de Doctorat intitulée : Transmissions indirectes via l’environnement de pathogènes impliquées dans les gastroentérites aiguës de l’Homme à/autour de Bogotá (Colombie)

José Seir JORDAN LOZANO soutiendra devant le jury composé de :

Catherine DUPORT

Professeur AU

Présidente du Jury

Martha Cristina BUSTOS LÓPEZ

Profesor Associado UNAL

Rapporteur

Camille DUMAT

Professeur INP-Toulouse

Rapporteur

Laurent MOULIN

Resp. R&D Eau de Paris

Examinateur

Pierre RENAULT

DR INRAE Avignon

Directeur de Thèse

Carlos Arturo GUERRERO FONSECA

Profesor Titular UNAL

Codirecteur de Thèse

La Thèse est cohabilitée par Avignon Université (AU) (Doctorat en Biologie) et l’Universidad National de Colombia (UNAL, Bogotá) (Doctorat en Santé Publique).

Dans le contexte actuel de confinement, la soutenance se fera en partie en présentiel et en distanciel pour le Jury.

Le public ne peut pas être reçu par Avignon Université, mais Avignon Université doit trouver une solution pour que du public côté français et côté colombien puisse la suivre par visioconférence.

Résumé de la thèse

Les gastroentérites aiguës affectent chaque année entre un quart et la moitié des personnes dans le Monde. Elles sont causes de morbidité, de mortalité et de coûts de santé importants. Leur transmission directe ou indirecte via l’eau, les aliments, l’air ou les surfaces inertes dépend de leur étiologie (virale, bactérienne ou parasitaire) et du contexte local. Bogotá et sa région présentent plusieurs spécificités : des eaux usées rejetées en rivière souvent sans ou après seulement un traitement primaire, la mise en décharge des papiers toilettes, couches et protections souillés par les excréments, et une consommation de fruits et légumes faible et limitée à des produits bon marché irrigués par des eaux pouvant être contaminées fécalement. Notre thèse visait à évaluer les flux de certains pathogènes entériques de l’Homme dans l’environnement à proximité de Bogotá et à essayer de relier ces flux à la santé de la population.

La thèse a associé trois contributions. Premièrement, une méthode de culture du norovirus humain a été mise au point en utilisant des villosités intestinales isolées de souris comme modèle cellulaire présentant toute la diversité des cellules épithéliales intestinales. Plusieurs concentrations en trypsine ont été testées pour activer les norovirus ; la méthode a été appliquée à des échantillons fécaux et environnementaux. Deuxièmement, les contaminations en E. coli et en pathogènes entériques de l’Homme ont été suivies dans des eaux (lixiviat de décharge, eau de ruissellement, rivière, eau d’irrigation, eau potable), des légumes-feuilles mangés crus (blettes) et l'air (au-dessus d’une décharge, en zone rurale, en zone urbaine) dans la région de Bogotá. Troisièmement, l’impact des contextes socioéconomiques et des pratiques individuelles (alimentation, hygiène et santé) sur les cas de gastroentérites aiguës a été testé à partir d’enquêtes réalisées dans un district de Bogotá et analysées par divers outils (analyse en composante principale, modélisation …).

Nous avons montré que les villosités intestinales isolées de souris permettent l'infection et la réplication du norovirus humain. Le virus doit être activé avec de la trypsine et a un cycle réplicatif moyen de 10 h. Les villosités sont efficaces pour obtenir un matériel biologique abondant et sont idéales pour étudier l'activité biologique du norovirus ou générer des anticorps. Elles ont permis de voir des norovirus non détectés par méthode moléculaire dans certains excréments ou échantillons environnementaux ; les échantillons positifs par méthode moléculaire ou en immunodot-blot contenaient quasiment tous des norovirus infectieux. Au niveau régional, les rejets d'eaux usées dans les rivières Bogotá et Balsillas et dans le marais Tres Esquinas contaminent le réseau d'irrigation de La Ramada au nord-ouest de Bogotá en E. coli et potentiellement en pathogènes entériques de l’Homme. Les blettes récoltées dans cette zone étaient fortement contaminées, en contraste d’autres zones de culture. Leur contamination évoluait de leur production à leur achat dans les commerces de proximité, les lavages pouvant être contaminants ou décontaminants, les manipulations sur l’étal des marchands étant contaminantes. L’air était souvent contaminé par E. coli et par Shigella spp., sans pouvoir attribuer à la décharge Doña Juana un rôle particulier. La présence de Shigella spp. était observée parallèlement dans plus de la moitié des selles des personnes diarrhéiques. Les enquêtes réalisées ont montré que la fréquence annuelle des gastroentérites aiguës diminuait avec l’accroissement de l’âge des personnes ; elle semblait plus faible dans les foyers avec personnes âgées, peut-être en lien avec des pratiques plus strictes en matière d’hygiène, alimentaire notamment. Un modèle de transmission des gastroentérites aiguës distinguant contamination en provenance de l’extérieur des foyers et contaminations entre personnes d’un même foyer n’a pas permis de mettre en évidence de différence nette entre quartiers. Utilisé pour simuler des expériences numériques, il suggère de travailler sur des enquêtes en nombre beaucoup plus élevé.

 Mots clés :

gastroentérite aiguë, pathogène entérique, virus, bactérie, protozoaire, transmission fécale-orale, transmission indirecte, contamination de l’eau, contamination des légumes-feuilles, contamination de l’air, décharge, maraîchage, irrigation, pratiques alimentaires, pratiques d’hygiène, pratique de santé, conditions socioéconomiques, suivis expérimentaux, modélisation, culture du norovirus humain